Santé mentale : 8 jeunes sur 10 évoquent la pression
de la réussite comme une source d’anxiété,
impactant leur bien-être mental

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, l’étude Mentalo, menée par l’Inserm, publie ses premiers résultats. Menés auprès des jeunes, ces travaux de recherche ont pour but de faire une “photographie de l’état du bien-être mental des 11-24 ans”.

Quel est l’état de la santé mentale chez les jeunes ? L’étude Mentalo, menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), tente de répondre à cette question. Les premiers résultats sont présentés ce 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale.

Contactée par Femme Actuelle, Karine Chevreul, directrice de recherche à l’Inserm, qui porte le projet, détaille : “Quatre jeunes sur cinq montrent une altération de leur bien-être mental, donc une forme de détresse psychologique, même si celle-ci peut être modérée”. Elle précise également qu’“un jeune sur trois présente un risque modéré ou sévère, et un sur sept un risque psychologique important”. Ces résultats sont cohérents avec les précédentes études menées sur la santé mentale des jeunes.

Ces résultats sont issus des réponses de plus de 3.000 jeunes, âgés de 11 à 24 ans, inscrits à l’étude Mentalo. Lancée le lundi 20 mai 2024, cette étude nationale participative repose sur un questionnaire en ligne, accessible via une application gratuite du même nom. Les chercheurs espèrent atteindre un échantillon de 50.000 participants d’ici fin 2024, “qu’ils soient collégiens, lycéens, étudiants, jeunes travailleurs ou inactifs”, peut-on lire sur le site de l’étude.

Étude, écrans, actualité : voici ce qui impacte le bien-être mental des jeunes

Chez les jeunes présentant un risque psychologique élevé, plusieurs facteurs sont observés. La solitude, une ambiance familiale dégradée ou une utilisation excessive des écrans sont parmi les éléments les plus récurrents. L’utilisation d’internet, notamment lorsqu’elle est passive et sans but précis, aggrave également cette détresse. “Utiliser internet pour communiquer avec ses proches ou pour s’informer n’a pas le même effet que lorsqu’on l’utilise pour regarder de courtes vidéos ou suivre des influenceurs”, souligne la chercheuse.

Un autre facteur important concerne la pression liée à la réussite. Huit jeunes sur dix évoquent cette pression comme une source d’anxiété, impactant leur bien-être mental. “Plus la pression à la réussite est élevée, plus le bien-être mental est dégradé”, explique-t-elle. La manière dont les jeunes perçoivent leur orientation scolaire ou professionnelle, les cours et les études sont une source de stress notable. De même, la chercheuse note que l’actualité a aussi un effet négatif chez certains jeunes.

La parole autour du bien-être mental reste difficile à libérer chez les jeunes

Malgré une prise de conscience croissante des enjeux liés à la santé mentale, Karine Chevreul remarque que la parole reste difficile à se libérer. « Globalement, plus de la moitié des jeunes présentant des troubles de leur bien-être mental en parlent autour d’eux. Mais un quart d’entre eux n’en parle pas du tout », déplore-t-elle. La principale raison ? “Ils ont honte ou n’osent pas en parler. Pour aller mieux, il faut en parler, mais ça reste quelque chose de très tabou”, regrette-t-elle avant d’ajouter que “cela démontre qu’il est crucial de normaliser le fait de parler de son bien-être mental, un préalable nécessaire à toute initiative de prévention ou de rétablissement”.

L’un des objectifs de l’étude Mentalo est précisément de libérer cette parole. En encourageant les jeunes à répondre massivement au questionnaire, les chercheurs espèrent ainsi contribuer à la normalisation des discussions sur le bien-être mental. Les inscriptions sont encore possibles sur le site de l’étude.

L’année 2025 pourrait aider à libérer la parole autour de cette thématique. En effet, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé vouloir faire de la santé mentale la grande cause nationale de 2025. Comme le souligne Santé publique France, “la santé mentale est une composante essentielle de la santé et représente bien plus que l’absence de troubles ou de handicaps mentaux”. Elle permet à chacun de “réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’apporter une contribution à la communauté”, écrit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

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