Santé mentale : « ne restez pas seul(e) derrière un écran »

La championne d’épée Laura Flessel évoque son expérience professionnelle et son engagement comme ambassadrice de l’étude Mentalo sur la santé mentale des jeunes.

Quintuple médaillée olympique à l’épée, six fois championne du monde, Laura Flessel n’est pas seulement l’une des sportives françaises les plus titrées de l’histoire : elle est aussi une figure connue pour ses engagements en faveur de la jeunesse et de l’inclusion.   

L’escrimeuse s’est récemment investie pour promouvoir le projet Mentalo, la première grande enquête participative nationale sur la santé mentale des jeunes. Lancé par l’Inserm en mai 2024, ce projet a pour ambition de cartographier la santé mentale des 11-24 ans. Dans cet entretien, Laura Flessel revient sur son engagement mais aussi son expérience d’athlète de haut niveau.

Écouter l’entretien : 

Pourquoi avoir accepté d’être ambassadrice de l’étude Mentalo ?

Personnellement, j’ai eu la chance de faire du sport de haut niveau et de m’épanouir grâce à ma discipline. Toutefois, je sais que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne.

J’ai moi-même eu 11 ans, j’ai une fille de 23 ans, je connais les difficultés que peuvent rencontrer les jeunes, notamment à l’adolescence. Donc, lorsque mon associé Richard Hullin m’a présenté le projet Mentalo, j’ai tout naturellement été enthousiaste à l’idée d’associer mon image pour valoriser cette recherche et toucher non seulement des sportifs mais tous les jeunes.

Alors que la santé mentale devrait être la Grande cause nationale en 2025, cette étude prend tout son sens. Elle a une grande importance pour améliorer le bien-être mental des 11-24 ans. 

D’après les premiers résultats de l’étude, huit jeunes sur dix affirment voir la pression pour la réussite comme une source d’anxiété. En tant qu’athlète de haut niveau, comment avez-vous géré cette pression dès votre jeune âge ?

À 5 ans, lorsque j’ai commencé l’escrime, j’ai dit à ma mère que je voulais être championne. En souhaitant cette carrière, j’ai accepté le haut niveau et la pression qui en découle. Mon mental a toujours été mon point fort. J’ai travaillé avec les bons coachs physiques pour dépasser les décennies.

Mais les générations se suivent et ne se ressemblent pas : pour la génération Z, hyperconnecté et plus exposée à la globalisation, il faut, pour certains jeunes, plus d’accompagnement pour cohabiter avec la pression. D’où l‘intérêt concret de Mentalo qui cherche à mieux comprendre les facteurs qui sont associés à la dégradation du bien-être mental des jeunes.

L’objectif à terme est de développer des outils de prévention notamment sous la forme d’application mobile utilisable par les 11-24 ans pour s’informer, s’auto-évaluer ou trouver de l’aide pour soi ou pour un proche.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Français pour prendre soin de leur santé mentale et s’épanouir dans leur vie quotidienne ?

Je leur dirais tout d’abord de s’écouter, s’accepter et surtout apprendre à s’aimer.

Ensuite, je leur conseillerais de ne pas rester seul(e) derrière un écran mais s’ouvrir au monde à travers des activités sportives ou culturelles. Ça peut être de la poterie, du chant, de la musique, peu importe : l’idée est de regarder l’extérieur et de découvrir ce que l’on peut apporter au groupe.

J’aime aussi partager ma règle des trois P : chercher le Plaisir dans tout ce que l’on fait ; la Performance pour devenir champion de son propre projet, faire mieux que la veille sans se comparer aux autres et sans stress ; et enfin cohabiter avec la Pression pour comprendre ses réactions face à la peur et mieux avancer.

https://www.info.gouv.fr/actualite/laura-flessel-je-connais-les-difficultes-que-peuvent-rencontrer-les-jeunes