Une étude sur le bien être mental des jeunes suivi de la construction d’une intervention de prévention.

Les adolescents et jeunes adultes, âgés de 11 à 24 ans, traversent une période pleine de bouleversements physiologiques et psychologiques, au cours de laquelle les altérations de leur bien-être mental peuvent apparaître.

Ces dernières années, une dégradation du bien-être mental des jeunes, y compris chez les moins de 15 ans, a été constatée avec une augmentation du nombre d’actes suicidaires désignés récemment dans la presse comme une « pandémie silencieuse ». La COVID-19 et les confinements associés n’ont fait qu’aggraver la situation. Il apparaît donc nécessaire de mieux comprendre ce phénomène et de mettre en lumière les facteurs qui altèrent ou améliorent le bien-être mental des jeunes. Si certains facteurs sont déjà connus, d’autres objets de préoccupation telles que l’éco-anxiété, la guerre en Ukraine ou l’utilisation des réseaux sociaux le sont beaucoup moins.

Par ailleurs, peu d’études françaises portent sur les moins de 15 ans ou ont mis en place un suivi sur plusieurs mois permettant d’étudier l’évolution du bien-être. Des études scientifiques rigoureuses sont indispensables pour permettre de développer des solutions de prévention adaptées et efficaces dans cette population.

L’objectif premier de cette étude est d’évaluer l’état du bien-être mental des jeunes âgés de 11 à 24 ans en France et de les suivre pendant un an pour étudier son évolution en mettant en place un suivi en ligne. L’étude explorera également les sources de préoccupation formulées par les jeunes eux-mêmes ainsi que les autres facteurs associés à l’état de bienêtre mental et ses fluctuations.

Pour ce faire, un court questionnaire (le PHQ-4) validé scientifiquement, reconnu et préalablement utilisé dans des études du même type sera mis à la disposition des participants pour mesurer l’état de bien-être. Ce questionnaire sera accompagné par une série de questions facultatives élaborées et validées spécifiquement pour l’étude avec des ateliers de jeunes d’âges différents. Les questions seront regroupées par module thématique court portant notamment sur leurs caractéristiques socio-démographiques et économiques, leurs habitudes et événements de la vie, ou encore leur soutien social. Les participants seront invités à répondre à quelques questions à intervalle régulier (à 15 jours, puis tous les mois pendant trois mois et une fois chaque trois mois ensuite). Les questions seront disponibles sur une application en ligne créée pour l’étude, garantissant l’anonymat et la sécurité des données personnelles des participants dans le cadre réglementaire en vigueur.

Afin de permettre au plus grand nombre de participer, le recrutement des participants se fera directement par internet sur la base du volontariat.

Une promotion spécifique ainsi qu’une stratégie de communication a été développée au niveau national pour informer à la fois les jeunes, mais également leur entourage de l’existence de cette étude. L’étude est régulièrement relayée par différents médias en ligne, dans les journaux ou à la télévision. Mentalo est aussi présent autour de différentes manifestations culturelles et associatives dans toute la France. La promotion se fait notamment sur internet via les réseaux sociaux fréquentés par les jeunes (notre compte instagram @etudementalo) avec le soutien et la participation de personnalités issues du monde du sport et de la culture et d’influenceurs sociaux tels que Jujufitcats ou Laura Flessel. Un certain nombre d’acteurs auprès des jeunes (établissements scolaires, universités, clubs sportifs…) est mobilisé pour cette promotion. Un site internet vitrine a été développé afin de relayer les messages et informer sur l’avancée de la recherche https://etude-mentalo.fr .
Par ailleurs, pour mobiliser la population dans son entièreté et créer une dynamique autour des questions du bien-être mental, la recherche est participative et mobilise les « sciences citoyennes ». Ainsi, les participants de l’étude sont sollicités pour aider à recruter d’autres jeunes de leur entourage, et plus généralement toute personne ou institution intéressée, peut également faire la promotion de l’étude.

Pour apporter un aspect ludique et inciter à la participation, un système de récompense permettant de gagner des points est mis en place. Cette ludification est mise en œuvre par le gain de points associés au remplissage des questionnaires. Selon le nombre de points acquis, les participants accèdent à des gratifications virtuelles (ex : accès gratuits à des services en ligne de streaming, lecture de livres…) puis des gratifications matérielles (ex : places pour aller voir des matchs…).

Les résultats de l’étude permettront d’obtenir un état des lieux de l’état du bien-être mental des AJA, de ses fluctuations au cours du temps et des facteurs qui y sont associés.

Cette meilleure connaissance des facteurs influençant le bien-être mental servira au développement d’interventions de prévention adaptées à la situation actuelle des jeunes.

Un outil de e-santé gratuit et anonyme sera spécifiquement développé, toujours en collaboration avec des jeunes volontaires, afin de promouvoir le bien-être mental chez les jeunes, de prévenir sa dégradation et in fine de prévenir les suicides. L’outil permettra aux jeunes de s’informer sur le bien-être mental, faire des tests pour savoir où ils en sont et prendre connaissance de solutions pour leur permettre d’aller bien ou d’aller mieux.

De manière plus générale, l’étude a vocation à porter la thématique du bien-être mental sur le devant de la scène pour sensibiliser la population et les décideurs publics à la situation des jeunes et à l’importance de déstigmatiser les questions du bien-être mental et d’investir dans ce champ.

L’étude est portée par une équipe de recherche multidisciplinaire de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Université Paris Cité et de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Les responsables scientifiques du projet sont les professeurs Karine Chevreul, Corinne Alberti et Richard Delorme.

L’étude a déjà reçu des financements et soutiens notamment du ministère de la Santé (Direction générale de l’offre de soins), de l’Inserm et de la Fondation AXA.