Mentalo, une étude sur le bien-être mental des 11-24 ans, à faire connaitre

Courant novembre, le Ministère de l’Éducation nationale a ajouté sur sa page “Agir pour favoriser la santé mentale et le bien-être des élèves” un encadré intitulé “Mentalo, l’enquête nationale sur le bien-être mental des 11-24 ans”. Nous avons creusé pour vous…

Mentalo est une étude en cours menée par l’Inserm. Il s’agit pour des jeunes volontaires de répondre à des questionnaires en ligne, à plusieurs reprises.
Lancée en mai 2024, cette recherche participative a été construite avec 300 jeunes, des psychiatres et des établissements scolaires.
Les derniers “nouveaux volontaires” seront recrutés au plus tard en mai 2026 pour une collecte des résultats qui se terminera en mai 2027.  

Faire connaitre l’existence de cette étude et la possibilité d’y contribuer directement peut être une excellente façon d’aborder le sujet avec les jeunes que nous accompagnons et de compléter un projet autour de ce sujet dans notre établissement : bien-être, santé mentale, prévention du harcèlement, développement des CPS (compétences psychosociales)… de plus, c’est pour les jeunes participants l’occasion de s’investir dans une recherche, de s’intéresser à la méthodologie et aux résultats.

Objectifs

L’étude Mentalo fait suite au projet sur la prévention primaire du suicide “StopBlues” et a pour objectifs principaux :

  • d’évaluer le bien-être mental des jeunes de 11 à 24 ans en France ;
  • de comprendre l’évolution du bien-être mental des jeunes au fil du temps et d’identifier les facteurs qui l’influencent ;
  • d’obtenir un état des lieux de la santé mentale des jeunes et ses fluctuations ; 
  • de développer des programmes de prévention et des interventions ciblées basés sur les résultats de l’étude ; 
  • de sensibiliser la population et les décideurs publics à la question du bien-être mental des jeunes ;
  • de déstigmatiser les sujets liés à la santé mentale ; 
  • de créer un outil numérique d’intervention destiné aux jeunes (projet Mental+ à venir)

L’étude vise à recueillir des données à grande échelle grâce à une web application gratuite et anonyme, permettant ainsi une meilleure compréhension des enjeux de santé mentale chez les jeunes Français.

Concrètement

Après son inscription sur le site Mentalo, le jeune est invité à répondre à un premier questionnaire en ligne concernant son bien-être mental.
Des questionnaires répartis en 8 sessions au cours de l’année, permettront de suivre l’évolution du bien-être mental du jeune, chaque participant reçoit des rappels pour participer à nouveau.
La première session se fait à l’inscription, puis 15 jours après, puis 1, 2, 3, 6, 9 et 12 mois après.
Chaque session est prévue pour durer une dizaine de minutes, il est aussi possible de répondre à des questionnaires complémentaires si on le souhaite sur le soutien des proches, la vie professionnelle, l’image de soi, les loisirs, la vie affective, la possibilité de parler quand on se sent mal…

Les items sont soit sous forme d’auto-positionnement, notamment en utilisant l’échelle de Likert et le questionnaire PHQ-4, soit des questions ouvertes permettant une expression libre et non contrainte par des choix à faire parmi des réponses prédéterminées. 

Évidemment, la question de la confidentialité et du traitement des données est garantie par un comité d’éthique et conforme au RGPD. Une note d’informations disponible ici, détaille tous ces aspects même si elle n’est pas très facile d’accès, comme hélas, tous les documents de ce type.
Les volontaires peuvent mettre fin à leur participation à tout moment et s’opposer au traitement de leurs données personnelles. 

Pour se faire une idée du contenu des questionnaires, il est possible de se créer un compte en cliquant sur “Oui, je rejoins l’étude” puis en choisissant “Non je n’ai pas entre 11 et 24 ans, mais je souhaite découvrir l’app”. Cela permet un accès provisoire de 24h, non pris en compte par l’étude, et l’on peut explorer librement le contenu proposé aux jeunes. Cette transparence est extrêmement appréciable. 

Si on a des questions ou des suggestions, on peut contacter l’équipe de recherche via la rubrique contact du site, ils sont réactifs et à l’écoute. Nous en avons fait l’expérience pour faire remonter des remarques et avoir tous les éléments pour écrire cet article.

Sur le site on trouve un kit de communication pensé pour les établissements scolaires afin de faire connaitre Mentalo. 

Des premiers résultats intéressants

L’avantage du recrutement échelonné des volontaires est que l’on a déjà des premiers résultats, qui sont évidemment à affiner et compléter, notamment via des techniques de traitement et d’interprétation des réponses aux questions ouvertes qui utiliseront l’IA. 

Il y a beaucoup plus de filles que de garçons parmi les participants, ce qui est déjà un résultat en soi et un enjeu pour les chercheurs pour motiver davantage les garçons.

Les premiers résultats montrent que la moitié des participants déclarent se sentir bien ou très bien, 1/3 présentent un risque de détresse de type anxiété/dépression modérée ou sévère, 1/7 présente un risque de détresse sévère.
Les filles se sentent moins bien que les garçons et le bien-être mental se dégrade avec l’avancée en âge de l’échantillon.
Les principales préoccupations qui les rendent mal ou tristes sont : les études, la famille, l’avenir, la santé et les relations. L’écologie vient après ces préoccupations prégnantes avec d’autres comme les notes, la pression, le monde, la peur… 

1/4 des répondants déclarent n’en parler à personne quand ils ne vont pas bien mentalement, 70% se déclarent stressés en lien avec la façon dont est décidée l’orientation, la moitié disent souffrir de solitude. 

Point de vigilance

On ne peut que se réjouir qu’une étude de cette ampleur mesure le bien-être mental des jeunes et leur donne la possibilité d’exprimer leurs préoccupations et leurs stratégies pour se sentir mieux.     

Actuellement, le discours ambiant général est que “les jeunes vont très mal”, cela peut générer un effet de type nocebo (le contraire de placebo), ou plutôt un effet Pygmalion (pensées auto-réalisatrices) qui est l’expression adaptée concernant la psychologie. Ce sont d’ailleurs des phénomènes intéressants à faire découvrir à nos élèves.
Sans nier qu’il y a une vraie question légitime à se poser concernant la santé mentale des jeunes, ni écarter qu’il est essentiel que chaque jeune qui va mal doit avoir accès à une prise en charge sérieuse et adaptée, les discours ne sont pas toujours suffisamment nuancés, voire sont carrément catastrophistes. 

Nous vous proposons la lecture de cet article ”Et si les jeunes n’allaient pas si mal ?” d’Aurélie Haroche dans Le Journal International de Médecine qui montre que le mal être des jeunes n’est pas plus important qu’avant et pointe la confusion fréquente entre “santé mentale” et “bien-être”.

L’avis de la Fédération 

L’UNSA Éducation considère la santé dans sa définition globale de bien-être qui rassemble les dimensions physiques, psychiques, sociales et environnementales. Elle milite pour le développement de la promotion de la santé comme processus permettant à chacun de contrôler sa propre santé et d’améliorer celle-ci. Elle ne peut donc que soutenir et faire connaitre cette démarche qui donne la parole directement aux jeunes et permet d’objectiver comment ils se sentent, ce qui les inquiète et ce qui peut les aider.

Cela doit contribuer à appuyer la nécessité du plan spécifique revendiqué par l’UNSA Éducation permettant de développer l’attractivité, au sein de l’Éducation nationale, de l’enseignement agricole et de l’Enseignement Supérieur des métiers notamment d’infirmières, infirmiers, de médecins, et de psychologues ainsi que le recrutement à la hauteur des besoins. De même la Fédération affirme l’urgence d’une politique sociale et de santé au bénéfice des enfants et des jeunes dont l’accès facilité aux soins psychologiques. 

Mentalo, une étude sur le bien-être mental des 11-24 ans, à faire connaitre – Questions d’Éduc